On a tous en tête des souvenirs de notre enfance. Moments joyeux ou graves, petites vexations anodines mais jamais digérées, jalousies fraternelles et repas de famille plus ou moins alcoolisés, on a tous en nous ces images qui font sourire ou sont empreintes de nostalgie. Pour la plupart d’entre-nous cela reste personnel, intime, mais pas pour Mathieu Madénian car, lui, ne faisant rien comme tout le monde, a décidé d’exorciser son festival de névroses sur scène. Certes, il aurait pu en parler avec un psy mais c’est tellement plus réjouissant de le faire au grand jour, tellement plus joyeux de dézinguer cette famille aimée en public. Avec franchise, sans artifice mais quelques légères tendances à enjoliver défauts et qualités, il peut ainsi en toute liberté parler des mères qui adorent alimenter les culpabilités, des pères qui s’ingénient à faire honte, des frères et sœurs qui s’entêtent à rendre la vie impossible. Ainsi, comme on le ferait entre amis au coin du feu ou au comptoir de notre bar préféré, on peut tout se dire, surtout le pire, avec autant d’honnêteté que de dureté, de bienveillance que d’amour. Et finalement, en le regardant s’amuser avec une énorme autodérision des us et coutumes de ses proches, on se dit que la nôtre n’est pas si différente et que, comme lui, si notre famille est souvent insupportable, on ne peut pas s’en passer...

Mise en scène Kader Aoun